134                         Les Spectacles de la Foire.
En conféquence, nous, commiffaire. fufdit, fommes tranfporté ledit jour 17 février 1719, fur les cinq heures du foir, dans la loge dudit Bertrand, fituée clans l'enceinte de la foire St-Germain-des-Prés ; à la porte de laquelle loge font de grandes infcriptions fous le titre de Grandes marionnettes du, feur Alexandre Bertrand. Et étant entré dans ladite loge, nous avons remarqué qu'il a été joué fur un petit théâtre des marionnettes, et qu'après le jeu des ma­rionnettes fini, il a été annoncé fur le même théâtre par un particulier que la comédie alloit être jouée par des. perfonnages, naturels. Et en effet, un inftant après, la toile ayant été levée, ce. qui auroit formé un plus grand théâtre éclairé de plufieurs lumières et orné de décorations, il auroit été re-préfenté fur ledit théâtre une petite comédie dont le fujet étoit : les Amours el le Mariage d'Isabelle avec Octave troublés par le major de Bagnolet ; que dans ladite comédie étoient plufieurs acteurs et actrices faifant les rôles d'Arlequin, de Mezzetin, de Pierrot, d'Octave, d'un vieillard, d'Ifabelle et de Columbine; lefdits acteurs changeant quelquefois d'habillement et de perfonnage, favoir ledit Pierrot déguifé en marchand d'eau-de-vie et en oublieux et ledit Arle­quin en officier d'armée fous le titre de major de Bagnolet ; que tous lefdits acteurs et actrices fe parlent et fe répondent les uns aux. autres pendant toute la pièce depuis le commencement jufqu'à la fin fur le fujet qu'ils repréfentent, ce qui forme une petite comédie fuivie de fcènes qui ont toutes rapport les unes aux autres. Et nous avons remarqué auffi que tant dans le cours de la comédie qui a été repréfentée qu'à la fin d'icelle, il a été chanté des chanfons ct danfé quelques danfes par lefdits acteurs et actrices accompagnés dc quel­ques violons. ,
Dont et de quoi nous avons dreffe procès-verbal.
(Archives des Comm., n° -759.)
VII
L'an 1720, le vendredi 16 février, heure dc midi, par-devant nous Nicolas-François Menyer, etc., en notre hôtel, eft comparu Alexandre Bertrand, maître doreur à Paris et joueur des menus plaifirs du Roi, demeurant à Paris, rue des Cannettes, paroiffe St-Sulpice : Lequel nous a fait plainte et dit que Nicolas Bertrand, Anne Bertrand, fés enfans et Nicolas Bienfait, fon gendre, et la nommée Caffebois, fa bru, font courir un bruit très-fcandaleux à l'hon­neur et réputation du plaignant et difent hautement et publiquement qu'il couche journellement avec Thérèfe Gâteau, fa nièce (1), et qu'ils, vivent en mauvais commerce enfemble, ce qui fait un tort confidérable tant à.l'honneur et réputation de ladite Gâteau qu'à celle du plaignant ; qu'ils ont écrit plu­fieurs libelles diffamatoires fignés d'eux et des lettres miffives adreiïées aux.
(1) Alexandre Bertrand etait veuf dc Sulpice Gâteau, sa femme, depuis le mois dc mai 1719.